Le leadership féminin, un atout majeur pour un futur meilleur …

 Il est des évènements fondateurs de nouveaux paradigmes, en sera-t-il  ainsi du  COVID 19 ? La pandémie  due à ce virus a révélé au monde  de multiples paradoxes dont celui relatif à la d question de l’égalité de genre. D’ une part , il a été soutenu que les pays ayant des femmes  dans les postes de leadership sont ceux qui ont le mieux géré les effets du virus [1], de même qu’il a été  démontré que les femmes ont représenté  -toutes catégories confondues- la  part la plus importante du personnel de santé dans la majorité des pays. Ce sont elles  en effet , qui ont  pris la plus grande part de surcharge dans la  gestion de la crise sanitaire,  et ce sont elles aussi qui ont pris la responsabilité des  services domestiques supplémentaires provoqués par les mesures de confinement plus ou moins généralisées a travers le monde .

Mais d’autre part , ces actrices du bien-être ont été les principales victimes de la pandémie du Covid  19 , non seulement dans le domaine économique   car  elles travaillent le plus   souvent dans des  secteurs vulnérables ou informels  et que la pandémie a  aggravé les inégalités existantes dans ces secteurs du fait de systèmes de protection sociaux ou économiques  défaillants . L’aggravation de la situation à fait réagir  l’OIT qui a demandé aux pays du G7,  de prendre des mesures de protection particulières [2] envers les femmes et les personnes les plus vulnérables.

Durant cette même période, on a noté que le nombre de violences et de  harcèlements subis par les femmes a été multiplié  par  trois et parfois par  dix  pour  certains pays. Alors que le   confinement se fait dans l’espace privé le plus intime  – celui censé  protéger les personnes et les familles  de la contagion du Virus et de ses effets  – les femmes de tout milieu et de tout âge ont subi bien loin  de la solidarité apportée en temps ordinaire par les associations et/ou par leurs communautés ou  par leurs  familles élargies  – toutes sortes d’humiliations et de  souffrances et cela bien loin du regard du public. Ceci   a amené la société civile à réagir pour  dénoncer l’intolérable et alerter les opinions publiques et les médias ,  poussant ainsi  les  gouvernements à prendre des mesures de protection et dans certains pays   à créer des refuges « ad hoc »  spécifiques à la durée du « confinement »[3].

Les associations de femmes et/ou  féministes , bien antérieurement à la  période de la pandémie , se   sont mobilisées pour  réclamer  des lois garantissant davantage de protection contre les violences domestiques – notamment celles provenant du conjoint ou du partenaire- et lorsque ces lois existent de plaider pour leur  mise en œuvre effectives par  des mesures pratiques telles que  l’exigent   la Convention d’Istanbul[4] . Le Secrétaire General des Nations Unies, Antonio Guterress a même lancé le 6 avril 2020, un appel  à la paix et à la cessation des violences notamment domestiques « Ces dernières semaines, tandis que s’aggravaient les pressions économiques et sociales et que la peur s’installait, le monde a connu une horrible flambée de violence domestique. »

D’où vient ce paradoxe entre reconnaissance de l’apport des femmes et de leur engagement et  le  déni que constituent les violences à leur encontre et surtout est ce que ces contradictions exacerbées en temps de confinement et par le huis clos qu’il institue pourra être résolu  lorsque  notre monde reviendra  à « la normale » d’avant la  crise ? Est-ce qu’il y aura des changements comme certains le soutient l’appel /décalogue fait par les élues locales de cité et gouvernements unis déclarant  que « plus rien ne sera comme avant  »[5] .

Il en serait des hommes et des femmes comme il en a été pour l’environnement et pour certains milieux telle  la lagune de Venise ou encore la baisse de la pollution de l’air du fait de   la diminution drastique des transports ?    Est-ce que l’on pourra    tirer des leçons  de cette crise planétaire? Peut-on  voir  dans les Déclarations de certaines institutions internationales[6] ou des discours  encourageant sur le rôle des femmes durant la crise  des prémisses de changement ? Peut-être faut-il revenir à ces questions  plus tard mais ne serait-ce pas alors et une fois de plus trop tard

Les pétitions, réclamations et  mobilisations des femmes et de la société civile ont été nombreuses et variées, de même que nombreuses ont été les bonnes pratiques et initiatives en faveur des personnes vulnérables dont les femmes. Des associations ont même appelé à une politique féministe pour le temps Covid 19. Ces expériences  pourront être copiées et dupliquées dans le post covid 19. Cependant beaucoup de ces initiatives  relèvent davantage du conjoncturel, des politiques de circonstances ou encore -et à juste titre -du domaine humanitaire .La question de l’égalité entre les sexes ou encore les politiques de genre n’ont pas été dans les priorités des pays et des gouvernements pour s’insérer dans des changements stratégiques, même les appels des organisations internationales ou régionales sont émis pour des périodes de 6 mois ou d’une année l AUF a lancé un plan special COVID pour les eleves ingenieurs pour des projets a très court terme [7]

  Pourtant en matière de santé, de climat, de sécurité alimentaire, d’autonomie économique ou  dans le domaine de la solidarité, les femmes jouent un rôle fondamental que les expériences et initiatives dont nous citerons quelques exemples  démontrent bien que « le leadership des  femmes et  le leadership féminin représentent des atouts majeurs pour un meilleur   Futur  »

IL est temps d’être ambitieux et de requérir que les 17 Objectifs de développement durable de l’agenda 2030 passent de la théorie à la pratique, et qu’ enfin  l’objectif 5 soit compris comme reflétant un  véritable paradigme  transformatif de tous les domaines couverts par les 16 autres objectifs de développement durable de l’Agenda 2030. –

Dans tous les pays et dans les pays arabes qui ont été notre terrain d’observation, des mouvements très larges de solidarité ont vu le jour souvent menés par des associations de femmes .Le Cawtar a répertorié certaines de ces initiatives[8] menées durant la période de confinement[9] et prépare à cet effet une publication spéciale d’autant plus que les expériences de la société civile de ces pays ne sont  pas bien connues au niveau international.

Ainsi en  Arabie Saoudite  , l’exemple de Meriem  qui possède  une compagnie de taxi et qui  a mis  à la disposition des citoyens un service gratuit de livraison à domicile durant le confinement .Dans le Sultanat de Oman ,l’association des femmes Salaalah ayant  mis en ligne un service d’information sur le virus COVID 19 et sur  les mesures à suivre , par ailleurs une vaste campagne de  collecte  des masques cousues par les femmes de OMAN ont  été distribués pour  toute la population et un service de formation sur la bonne utilisation des réseaux sociaux  a été lancé. De plus, sous  la formule « your time is gold » une collecte de dons a été faite en faveur  des femmes divorcées ou veuves.

A Bahreïn,  pour appuyer les efforts du gouvernement, l’Union des Femmes de Bahreïn sous le slogan « stay at home »,  a travaillé en partenariat avec des médecins pour donner des avis et consultations médicales  à travers les réseaux sociaux y compris WhatsApp et Instagram

Au Soudan un groupe de femmes a lancé une campagne d’information sur la COVID 19 ciblant particulièrement les marchés et les vendeurs ambulants, de plus , une clinique mobile a été mise en place avec la coopération de pharmaciens tandis qu’un autre groupe de femmes « the gardians »ont préparé des lunch box pour les populations marginalisées .

Nous ne pouvons pas les citer toutes mais en Tunisie , en Algérie et au Maroc des dizaines d’initiatives de la société civile  ont aidé les gouvernements a mieux gérer la Pandémie par une aide en nature tel que l’équipement des hôpitaux ou des dispensaires ou directement en assurant moyens de protection et nourriture aux  populations vulnérables des aides psychologiques par radio ou par téléphone mais aussi à travers internet ont été mises en place

 Signalons les efforts de certains operateurs d’internet  de baisser les tarifs de consommation durant la période de confinement notamment pour permettre aux écoliers de pouvoir suivre les cours à distance et de mieux supporter le confinement  .Une initiative est particulièrement intéressante , celle lancée par une association rejointe par beaucoup d autre de demander au gouvernement d’adopter une politique féministe dans les mesures de protection et de lutte contre la Pandémie [10].Au Maroc l’association pour les droits humains  a lancé une « vaste campagne pour une solidarité humaine au temps du Corona  »[11].En  Algérie à Tizi Ouzou, Bejaia , Alger ,  de nombreuses associations féminines se sont mobilisées pour contribuer à la prévention des femmes contre les violences en temps de confinement [12] .Le centre d’ecoute du  Réseau WASSILA  a pu recevoir 70 rapports par semaine sur les violences faites aux femmes durant cette même période

La vraie question est celle de savoir si cette pandémie peut avoir un rôle transformatif ? Les programmes mis en place par certains pays pour le post Covid pour le redémarrage économique ne touchent pas des secteurs particulièrement féminisés [13]

Est-ce que les leçons qui ont permis de mettre en place l’Organisation des Nations Unies ayant pour mission de préserver les générations futures du fléau de la guerre et qui requiert des Etats Membres de  régler leurs différends par des moyens pacifiques .Ces leçons ont abouti à la Charte des N.U du 26 juin 1945[14] qui a intégrer les grands principes des relations internationales.

 En est-il de même aujourd’hui ?  Nous avons   besoin -pour un « Futur meilleur » de reconnaitre le leadership  des femmes  et aussi de  revivifier- par une nouvelle Charte ? –  le principe universel de l’égalité entre les hommes et les femmes  très largement détérioré par les atteintes  rendues plus visibles en temps de  pandémie.

Professor Soukaina Bouraoui , executif director , Cawtar

« Quaderns de la Mediterrania nº30 »


[1] Forbes,  Avivah Wittenberg-Cox , lespays dirigés par les femmes ont-ils mieux gérés le virus, www.forbes .

[2] Covid -19 et l’égalité de genre : obtenir l’égalité entre les hommes et les femmes ; www.ilo.org

[3] Coronavirus : en Tunisie, un centre de confinement pour les femmes ;

www.lemonde.fr Tunisie  4 mai 2020 ; www.un.org   un–coronavirus –communications-team

[4] Convention d Istanbul lutte contre les violences contre les femmes ; www.coe.int.convention d’Istanbul

[5] CGLU, www.uclga.org    

[6] Secrétaire général de UN «  réponse du covid pour mieux reconstruire » www.reliefweb.int 

Marlene Schiappa l’égalité hommes femmes au cœur du POST COVID , www.expansion.lexpress  . /fr,actualité économique

[7]  https://www.auf.org/nouvelles/actualites/appel-a-projets-international-auf-covid-19/

[8] publication du cawtar les bonnes pratiques en temps de pandémie, covid 19 ; à paraitre décembre 2020

[9] Voir special newsletter du Cawtar “ cawtaryate ,special COVID 19” ,

[10] Lettre ouverte au gouvernement ; www.aswatnissa.org ; au Maroc la association marocaine de droits humains

[11]www. Ftdes.net 

[12] Covid un dispositif d’alerte pour les femmes victims de violences , www.lechodalgerie-dz.com 30mars 2020

[13] Dix choses que fait l UE pour lutter contre la COVID 19 www.consilium.europa.eu 

[14] www.un.org charter –united –nations     

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