Chisinau en Moldavie

Séminaire Régional sur l’égalité femme-homme

La promotion de l’égalité femme-homme dans et par l’éducation

 La thématique de l’égalité femme-homme est relativement récente.

Le Séminaire de Erevan en 2015 a permis de faire l’état des lieux, dans les pays de l’Europe centrale et orientale (PECO) et de mettre l’accent sur les défis à relever, parmi lesquels l’éducation et la formation, objet de notre rencontre de ce jour.

La situation du sexe dit faible n’a commencé à évoluer véritablement en Occident que vers la 2e moitié du 19e siècle, puis a poursuivi une progression très lente jusqu’à nos jours.

Si, sur un plan juridique et constitutionnel  on peut affirmer que cette égalité, à quelques exceptions près, est effective dans les pays membres de la francophonie, il en va différemment dans la vie quotidienne. Je n’en prendrai pour preuve que l’inégalité dans l’accès à l’éducation, aux postes de responsabilité,  à la propriété de la terre, aux fonctions politiques et à la direction des grands groupes économiques constatée çà et là.

Le thème de notre séminaire est donc d’actualité.

Le Réseau francophone pour l’Egalité  femme-homme, instrument  crée en 2013 par l’OIF  et que j’ai l’honneur de représenter ici, est unique dans sa composition. Il a pour vocation de fédérer les actions et expertises des organisations internationales non gouvernementales(OING) et organisations de la société civile(osc)francophones, en contribuant à la promotion de l’égalité femme-homme et à l’autonomisation des femmes dans les pays de la francophonie. La Coordinatrice, Mme Ndioro N’DIAYE, vous l’a présenté l’année dernière  et je ne reviendrai pas là-dessus.

Je précise juste que j’en suis membre fondateur en ma qualité de présidente du Réseau  international francophone des aînés (RIFA), organisation de personnes aînées, qui a pour objectifs entre autres de susciter chez les aînés, un intérêt à la valorisation et à l’amélioration de leur rôle dans leur milieu social, de maintenir chez ces personnes le désir de demeurer actives et autonomes le plus longtemps possible. Il se veut un observatoire quant à leurs besoins, à la solidarité entre les générations et au rapprochement interculturel.

D’entrée de jeu, il convient de préciser que le  terme d’éducation, à notre entendement, doit inclure l’éducation formelle et non formelle, ce qui veut dire qu’il faut associer l’éducation familiale et sociale à l’instruction et à l’enseignement, sans omettre les différents types d’apprentissage.

Notre expérience sur le terrain nous conforte dans l’évidence que toute promotion du statut de la femme ne peut venir que de son accession à la connaissance. En effet, on constate que les pesanteurs millénaires ont façonné les mentalités en instillant le venin de la suprématie nécessaire et inéluctable de l’homme et donc de la soumission de la femme. Il n’est que de discuter avec certaines  de nos sœurs en Afrique pour se rendre compte de la conviction profonde qu’elles ont d’être nées pour servir l’homme, qu’il s’agisse du père, du grand frère ou du mari.

Tout travail dans le sens de l’émancipation doit commencer par donner une même éducation familiale aux garçons et aux filles ;dans cet esprit, la petite fille ne devrait plus être condamnée à aider sa mère dans les tâches ménagères pendant que le garçon se consacre à des loisirs .C’est dès le plus jeune âge qu’il faut apprendre aux enfants qu’ils sont égaux en droits et devoirs et que la société a besoin de tous,  sans discrimination, pour se développer et s’épanouir.

Il faudrait par ailleurs  supprimer dans les manuels scolaires les stéréotypes et autres références sexistes dévalorisant la fille  et bannir, au sein des familles, les traitements de faveur (autorisations de sortie, de fréquenter et  de voir des amis, etc.) réservés aux garçons par rapport aux filles.

La pratique antidiscriminatoire devra continuer à l’école où  tous les garçons et les  filles devraient être admis et traités exactement de la même manière par les maîtres et les professeurs.   

Il faudra veiller, plus tard, à maintenir cette parité dans l’enseignement supérieur en luttant contre le mariage précoce des filles, l’exclusion des élèves enceintes et l’orientation discriminante vers des disciplines scientifiques ou littéraires en fonction du genre.

D’un autre côté, c’est par l’éducation, vue sous l’angle de l’apprentissage et de la formation qu’on pourra favoriser l’insertion des femmes dans la vie professionnelle, soit en en faisant des employées, soit en les mettant en situation de créer leurs propres entreprises.

En Afrique, on  expérimente avec succès, l’auto-employabilité des femmes en leur accordant des microcrédits afin qu’elles se lancent dans l’artisanat, le commerce, l’agriculture ou l’élevage. Beaucoup ont réussi et sont devenues financièrement autonomes, prenant même en charge les frais de scolarité des enfants sans parler de l’entretien de la famille.

Ces exemples de réussite donnent l’occasion de lancer un appel en direction de l’OIF afin qu’elle  aide les organisations de la société civile  œuvrant dans le domaine de l’égalité femme-homme à mobiliser les ressources en vue de généraliser ce type d’ouverture  à l’autonomisation tout en dispensant aux femmes rurales une alphabétisation en langues locales.

La lutte devra continuer dans le monde du travail en insistant pour que les nominations et les  promotions ne prennent en compte que des facteurs objectifs tels que les diplômes, l’expérience professionnelle etc.

Mais, pour donner plus de consistance et de pérennité à ces actions, il est indispensable que les femmes accèdent aux postes de responsabilité politique et économique tant dans les sphères nationales qu’internationales .Certes beaucoup de pays en ont inscrit le principe dans leur législation  mais il ya loin de ces déclarations d’intention à la réalité. Ici encore l’OIF pourrait soutenir les osc pour qu’elles maintiennent la pression sur les gouvernements en place et sur les partis politiques pour que la parité entre enfin dans les faits.

 Dans la plupart de nos Etats, les femmes obtiennent rarement plus de 5 ou 6 portefeuilles (souvent subalternes du reste) dans des gouvernements pourtant pléthoriques de  30 à 40 membres. Dans les parlements, la situation n’est guère plus reluisante puisque les députées atteignent rarement le 1/10e des effectifs. Et que dire des postes d’ambassadeur, de président de sociétés etc ? Et pourtant, les femmes bardées de diplômes et pétries d’expérience sont légions dans toutes nos contrées.

Bien sûr on vous dira que les enfants sont trop jeunes pour que leur maman les quitte même momentanément ou que les maris refusent que leurs épouses occupent des postes politiques ou diplomatiques. Et pourtant, lorsque c’est le mari qui est contacté pour de telles fonctions, il n’y a aucun problème, bien au contraire ! Les osc devraient combattre avec la dernière énergie ce genre de discrimination qui place un plafond de verre au-dessus de la tête des femmes, du seul fait de leur genre !

Tous ces combats viennent compléter la lutte pour l’égalité femme-homme dans et par l’éducation car la réussite de certaines femmes dans les sphères traditionnellement réservées aux hommes est un puissant levier et induit un effet d’entrainement pour les autres afin qu’elles s’adonnent aux études et à la formation professionnelle, voie royale de l’émancipation tant attendue du genre féminin.

Mme Alimata SALAMBERE

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