« L’Afrique : entre chaos et émergence »
est le thème retenu pour la 16ème édition du Forum de Bamako est on ne peut plus d’actualité. Il puise en effet d’une part dans le malaise auquel peut renvoyer l’analyse de la situation présente ou à venir du continent le continent, et d’autre part dans l’opinion de plus en plus entendue selon laquelle l’Afrique est l’avenir du monde.
Pour ce qui est du malaise, il prend sa source dans plusieurs phénomènes, qui ont pour noms crise migratoire, développement du terrorisme et de l’insécurité, essor du radicalisme religieux, effets négatifs du changement climatique, chômage (et en particulier celui des jeunes), etc.
Si ces phénomènes ont des causes multiples et variées, il n’en demeure pas moins qu’ils résultent pour l’essentiel de facteurs politiques, économiques et sociaux. Sur le plan politique, l’Afrique, depuis plusieurs décennies, est le théâtre d’instabilités parfois chroniques. Sur le plan socio-économique, l’Afrique, en dépit de l’abondance des ressources naturelles, demeure le continent le plus pauvre de la planète : ainsi, environ un Africain sur deux vit sous le seuil de pauvreté.
L’Afrique demeure donc l’une des principales régions du monde où la pauvreté est plus la règle que l’exception. De 1990 à 2010, le nombre de personnes de cette zone vivant avec moins de 1.25 dollars par jour est passé de moins de 300 millions à près de 425 millions. Leur part dans la population a certes déclinée, passant de 57% à 49%, mais cela reste encore bien insuffisant.
L’agriculture, dont dépendent tant de pauvres, n’a pas donné les résultats escomptés, et malheureusement, les rendements par hectare stagnent.
De plus, l’Afrique demeure au-delà de la pauvreté, le continent où les inégalités sont les plus élevées.
Ainsi, l’Afrique subsaharienne compte six des dix pays les plus inégalitaires du monde. Un nombre croissant d’Africains (près de 300 millions déjà) sont confrontés à la dure réalité des bidonvilles, où les ressources sont rares et les perspectives d’emploi inexistantes.
Sommaire
Au moins la moitié de ceux qui vivent dans ces bidonvilles ont moins de 20 ans. Sans accès à l’éducation, cette génération a peu de chances d’échapper aux conditions précaires.
Dans le même temps, le chômage frappe tous les pays africains, surtout les jeunes dont les perspectives d’avenir sont ainsi obstruées. Il n’y a toujours pas assez d’emplois pour les 15 millions de jeunes africains qui arrivent chaque année sur le marché du travail. La jeunesse est largement inemployée, parce que mal formée, en décalage avec les exigences du marché global du travail, et elle se sent de plus en plus dépourvue de perspectives. Sur 75 millions de jeunes chômeurs dans le
monde, 38 millions se trouvent en Afrique. Et lorsque ces jeunes
disposent d’un emploi, ce dernier correspond rarement à leurs attentes puisque, sur 200 millions de jeunes africains, 53 millions sont en situation d’emploi précaire.
A court terme, le risque existe donc que le point critique soit atteint, et qu’une frange majoritaire des populations africaines – les jeunes, les habitants des banlieues, les exclus, etc. – se soulèvent et refusent tout statut de citoyen de seconde zone.
Bien évidemment, cela aurait pour effets de déstabiliser encore plus les pays du continent et de saper les efforts visant à construire des sociétés plus prospères et plus stables.
Tout cela aurait pour conséquence de créer des climats d’incertitude, de hautes tensions et des crises multiformes, lesquels à leur tour fragiliseraient encore davantage le continent, l’exposant à d’autres menaces.
Si les grands conflits régionaux du siècle dernier se sont pour la plupart éteints, le nouveau siècle a coïncidé pour l’Afrique avec la montée des tensions ou des révoltes domestiques, ainsi qu’avec la progression de la nébuleuse terroriste, souvent en lien direct avec les grands réseaux de criminalité internationale. Beaucoup de pays sont ainsi devenus vulnérables : Mali, Nigéria, Tunisie, Algérie, Somalie, Kenya, Ouganda, et plus récemment Burkina Faso. Indéniablement, le phénomène s’est fortement renforcé dans le Sahel suite à la mise en circulation d’un grand nombre d’armes en provenance de Lybie.
Le développement du terrorisme, auquel s’ajoute la prolifération de la criminalité, deviennent d’autant plus préoccupants et urgents à résoudre pour les autorités du continent qu’ils annihilent toutes les perspectives des programmes de développement économiques et sociaux (c’est donc à juste titre que les conflits sont aujourd’hui au centre des préoccupations des institutions du continent, avec à leur tête l’Union Africaine).
En Afrique, les risques sont d’autant plus élevés que les rapports de force sont ici plus défavorables qu’ailleurs : en effet, d’une part les moyens pour une politique anti-terroriste efficace et durable font très souvent défaut,
et d’autre part, les groupes criminels et terroristes deviennent de plus en plus puissants et gagnent de l’influence au niveau de populations désespérées qui rêvent de lendemains meilleurs.
La situation est telle que ces organisations terroristes et criminelles s’imposent comme les principaux acteurs et régulateurs de zones sous leur contrôle en Afrique subsaharienne.
Les flux économiques (commerce légal et trafics illégaux) et de personnes (migrations de populations autochtones, circulation des touristes et du personnel des ONG et aux acteurs de la communauté internationale) sont en passe d’être sous le contrôle complet des groupes terroristes au Sahel et au Sahara : Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Dine, Boko Haram, Mouvement d’Unité pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), etc.
Selon certains, le plus grand danger qui menace l’Afrique, plus encore que les conflits internes, est le vide hégémonique sur le continent. Ce vide constituerait en effet un puissant appel d’air pour les puissances étrangères qui interviennent en Afrique, puisque celles-ci ne courent pas de risques graves. Or de l’avis de certains analystes, les interventions étrangères en Afrique n’ont jamais rien réglé, et la plupart du temps, elles ont plutôt aggravé des crises qui auraient pu être, sinon, résolues autrement, ou du moins circonscrites.
Selon d’autres analystes, une autre source de risque résiderait dans cette tendance à la réactivation de l’ethnie à peu près partout sur le continent.
Et comme le faisait remarquer à juste titre Achille Mbembe, « en Afrique, le référent ethnique occupe la place que la race tient dans d’autres formations économiques, notamment en Europe et aux Etats Unis et dans une certaine mesure en Amérique Latine ».
La résurgence de l’ethnie et le culte de l’autochtonie accentuent la fragilité de ces constructions tout à fait artificielles que sont les Etats africains. En réalité, ce phénomène ne serait pas propre à l’Afrique, et tiendrait en réalité des spécificités de l’époque que l’humanité traverse, de la sorte de globalisation dont elle fait l’expérience et dont le propre est de donner lieu à un formidable processus de réinvention des différences.
Etant donné toutes les raisons ci-dessus évoquées, il n’est pas étonnant que des milliers d’africains, des jeunes en majorité, soient prêts à risquer leurs vies pour aller de l’autre côté, puisqu’ils n’ont pas grand-chose à perdre dans leurs pays respectifs.
Ces déplacements massifs de populations, d’abord vers d’autres pays d’Afrique puis vers l’Europe, trouvent en effet leurs premières sources de motivation dans la misère, les inégalités sociales, le chômage, l’insécurité et les crises politiques. Ils trouvent aussi leur source – et on ne le rappelle pas assez – dans
les politiques protectionnistes (quotas, subventions, normes sanitaires et phytosanitaires, règles d’origine, etc.) suivies par les pays du Nord, notamment dans le domaine agricole et qui font obstacle à l’intégration des économies africaines dans l’économie mondiale et les empêchent de profiter de leur avantage comparatif.
La fermeture de certains marchés à l’Afrique freine son développement, et contribue à le maintenir dans des systèmes rentiers incapables de créer de la richesse et des emplois pour tous. Par ailleurs, le continent reste fortement dépendant du commerce des matières premières, et la volatilité de leur cours a
des effets négatifs sur sa croissance et ses grands équilibres macro-économiques. En contribuant à empêcher l’Afrique de sortir de l’impasse et à assombrir davantage l’avenir aux yeux des africains, les politiques protectionnistes ainsi que les règles défavorables du commerce international susmentionnées ont pour conséquence d’assombrir le tableau social africain, et donc de pousser au grand départ un nombre important d’Africains.
Le changement climatique, qui s’accompagnera (qui s’accompagne déjà ?) d’effets sans précédent, constitue également pour l’Afrique une source de menace supplémentaire. Si rien n’est fait pour renverser la tendance, les experts prévoient à très court terme une baisse considérable des
rendements agricoles, des saisons de végétation brèves, une modification du régime des précipitations (laquelle rendra encore plus difficile l’accès à l’eau).
La baisse des rendements agricoles et l’accroissement démographique exerceront une pression supplémentaire sur un système de production alimentaire déjà fragile. Dans un tel contexte, si la situation actuelle perdure, l’Afrique ne pourra subvenir qu’à 13% de ses besoins alimentaires d’ici à 2050.
Cela fera également peser une nouvelle menace sur les quelque 65% de travailleurs africains dont la subsistance dépend de l’agriculture, y compris sur les enfants et les personnes âgées – premières victimes de l’insécurité alimentaire.
À l’heure actuelle – il est important de le rappeler – quelques 240 millions d’Africains souffrent déjà de la faim. D’ici 2050, il suffirait d’une augmentation d’environ 1,2 à 1,9 degré Celsius pour accroître d’entre 25 et 95% le nombre d’Africains sous- alimentés (+ 25% en Afrique centrale, + 50% en Afrique de l’Est, + 85% en Afrique australe et + 95% en Afrique de l’Ouest).
La situation pourrait être par conséquent catastrophique pour les enfants, dont la réussite scolaire dépend d’une alimentation appropriée. La Commission économique pour l’Afrique (CEA) estime que le retard de croissance infantile provoqué chez les enfants par la malnutrition pourrait priver les pays africains de 2 à 16% de leur PIB.
Sur le plan infrastructurel, l’Afrique connait encore un énorme déficit qui n’est pas de nature à faciliter la transformation des économies et le développement de nouvelles activités. Par exemple, 40% de la population seulement ont accès à l’électricité et un africain ne dispose en moyenne que de 124kWh par an (hors Afrique du Sud), contre plus de 13.000 pour un américain.
Malgré tout ce qui vient d’être dit autour des difficultés du continent, tout n’est cependant pas sombre en Afrique, et il est d’ailleurs fort heureux qu’il en soit ainsi.
Les signes d’espoir ainsi que les sources d’optimisme pullulent en effet en Afrique, et sont perceptibles aux yeux de tous ceux qui savent observer et décoder.
D’aucun vont même jusqu’à dire que l’Afrique conditionnera l’avenir du monde ou que le XXIe siècle sera celui de l’Afrique, tout comme la fin du XXe a été celui de la Chine.
Selon les tenants d’une telle vision, l’Afrique – dans les décennies à venir – va s’émanciper des schémas de développement traditionnels, s’emparer des dernières innovations pour révolutionner son économie, procéder à des sauts quantiques. Certes, cela ne se fera pas sans crise, sans défaillance, sans chaos, sans difficulté, mais incontestablement, pour certains, le XXIe siècle sera le siècle de l’Afrique.
L’Afrique, c’est d’abord un potentiel unique, qui se traduit notamment par des richesses nulle part égalée. A ce jour, l’Afrique recèle par exemple 95% des réserves prouvées de platine, plus de 75% de celles de phosphates, 60% de celle de diamant, près de la moitié du stock de cobalt et de chrome, plus du quart de celles de bauxite. Mis à part le diamant, 90% de ces réserves restent à exploiter. Le potentiel énergétique africain – solaire, hydraulique, éolien et même nucléaire – est également considérable. Et le continent détient à lui seul près des deux tiers des terres arables non exploitées de la planète.
Mais l’Afrique, ce n’est pas qu’un potentiel, et c’est aussi des réalisations concrètes et des évolutions remarquables. Il est donc indéniable que sur bien des questions, et pas des moindres, l’Afrique bouge à grand pas. Grâce en particulier aux
changements opérés dans les politiques et à l’amélioration des systèmes de gouvernance, le continent a enregistré les taux de croissance les plus élevés depuis l’accession à l’indépendance.
Depuis 2004, le taux de croissance global de l’Afrique a été de 5.4%, soit plus de quatre fois celui enregistré en moyenne dans l’Union Européenne.
De 2007 à 2011, cinq des dix pays à la croissance la plus rapide, avec une population dépassant 10 millions, étaient situés en Afrique. L’année 2013 a vu le Ghana croître plus rapidement que la Chine, et l’Angola ou le Mozambique enregistrer de meilleurs résultats que l’Inde. En 2014, 16 pays du continent ont enregistré une croissance supérieure à 5%. Parmi les Etats présentant une
meilleure performance, outre les pays susmentionnés, figurent l’Ethiopie, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda. Un fait particulièrement important qui mérite d’être signalé ici concerne le fait que les taux de croissance élevés observés en Afrique ne s’appuient plus fondamentalement sur les revenus issus de la vente des matières premières, ce qui témoigne de la diversification et de la transformation des économies africaines.
La taille de l’économie africaine a triplé depuis 2002, et si une telle performance se confirmait, l’Afrique pourrait très prochainement ravir à l’Asie le titre de continent à la croissance la plus élevée. Et ce pour longtemps, puisque l’émergence d’une classe moyenne urbanisée (déjà plus nombreuse qu’en Inde), constitue un relais de croissance sans égal. Par ailleurs, la proportion de la population vivant dans l’extrême pauvreté – même si elle reste importante – a cessé d’augmenter, et cela n’est pas rien.
D’autres signes d’embellies économiques peuvent être notés. Pour la première fois depuis longtemps, la majorité des investisseurs internationaux considèrent l’Afrique comme une terre d’opportunité, dont on ne peut plus se permettre d’être absent.
Cela signifie par conséquent que le regard que porte le reste du monde sur l’Afrique est en train de changer.
Non seulement le volume de l’investissement augmente en Afrique (et en particulier les investissements directs étrangers), mais aussi le nombre de pays africains solvables s’accroît. Par ailleurs, la montée en puissance des grandes économies émergentes offrent à l’Afrique de nouvelles possibilités, tant du point de vue de la diversification des sources de financement que des débouchés ou des opportunités d’affaires.
Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent, devant les grands pays européens et les Etats Unis, une position qu’elle n’a cessé de consolider depuis, installant une sorte de fait historique quasi irréversible – tout au moins pour les trois ou quatre décennies à venir. Il s’agit ici d’une révolution copernicienne dans les échanges entre l’Afrique et le reste du monde.
Dans les années à venir, l’Afrique devrait également profiter fortement d’un atout unique à l’échelle mondiale : sa population, nombreuse (plus d’un milliard), jeune (18 ans d’âge médian, contre 28 en Indonésie, 35 en Chine, 45 en Italie et 46 au Japon).
L’Afrique sera le seul continent au monde à voir sa population active croître durant les trente prochaines années, au point que selon certains experts, elle devrait dépasser la Chine à l’horizon 2040. Le marché africain, qui compte aujourd’hui 1 milliard d’individus, devrait atteindre 2 milliards en 2045, dont 1,1 milliards en âge de travailler (plus que la Chine et l’Inde).
Les perspectives économiques et commerciales à long terme du continent rappellent donc celles de la Chine à l’époque où elle s’ouvrait au monde, il y a trente ans.
Le facteur démographique devrait donc jouer le même rôle crucial dans le développement de l’Afrique que ce qui a été observé en Asie il y a de cela quelques décennies.
Du point de vue de la gouvernance politique, l’Afrique a aussi enregistré des pas de géant. La démocratie et l’Etat de droit connaissent des progrès considérables sur le continent, avec à la clef plus de trente alternances politiques sans violence depuis 1990.
Selon l’indice Ibrahim de la gouvernance, 94% de la population africaine vit désormais dans un pays dont le niveau global de gouvernance s’est amélioré depuis 2000. L’évolution démocratique devient en quelque sorte la norme, et c’est d’ailleurs à une telle conclusion que devrait mener une analyse en finesse de ce qui passé il y a peu au Burkina Faso (tentative avortée du putsch militaire). Concomitamment, les efforts menés par les Africains eux-mêmes permettent de réduire les conflits sur le continent.
Tous les changements ci-dessus mentionnés poussent à l’optimisme, et conduisent de plus en plus à envisager pour l’Afrique le temps de l’Emergence. Afin que celui-ci soit une réalité irréversible, d’autres défis doivent être relevés : l’intégration régionale, le développement des infrastructures (énergie, transports, télécommunications, eau, etc.), la réduction des inégalités, la gouvernance des ressources naturelles, l’emploi de notre jeunesse, etc.
Afin de relever le défi de l’Emergence, l’Afrique ne doit plus se contenter de solutions toutes faites, et par conséquent, il lui faudra promouvoir des schémas audacieux, grâce auxquels les pays africains prendraient en charge eux-mêmes leur propre développement, et dont le cœur serait la transformation des économies africaines.
L’industrialisation et l’insertion de l’Afrique dans de nouvelles chaînes de valeur sont essentielles pour sortir de cette situation. Du point de vue du financement des infrastructures, et étant donné d’une part la faiblesse des ressources publiques (qui ne permet pas de faire face au déficit observé) et d’autre part l’intérêt du secteur privé, il s’avèrera nécessaire de réformer les cadres règlementaires, et en particulier de développer, dans le cadre de partenariats public/privé, de nouveaux produits financiers permettant de réduire les risques.
L’intégration constitue un autre défi que doit relever l’Afrique. L’Union Africaine n’est pas encore l’Europe, avec son marché commun, sa monnaie unique, ses organes politiques supranationaux, son budget solidaire et partagé. Or sans intégration régionale effective, économique, commerciale, politique, l’Afrique ne pèsera guère dans ce monde globalisé, quel que soit son potentiel. Si l’Afrique a acquis son indépendance politique, il lui reste à devenir autonome, et donc à réussir une intégration économique régionale qui permettrait à ses 54 économies fragmentées de faciliter les liens commerciaux, de réduire les écarts existants, pour que l’ensemble du continent prenne sa place dans l’économie mondiale. Il est nécessaire d’accélérer les efforts d’intégration, particulièrement dans des domaines qui n’exigent pas d’investissements importants, comme la facilitation du commerce.
En définitive, ce que montrent tous les commentaires précédents, c’est que l’Afrique est partagée entre le chaos et l’émergence.
Au demeurant, cela ne devrait peut-être pas étonné, puisque parler de l’Afrique au singulier est réducteur.
Il existe en effet des Afriques, aux personnalités et aux trajectoires opposées. Ignorer les différences régionales, climatiques, humaines dans un continent qui occupe le quart des terres émergées serait une erreur d’appréciation majeure. Il serait absurde par conséquent de vouloir réduire à un modèle unique les 54 pays du continent dont les modèles de spécialisation économique, les dynamiques sociales, et les niveaux de développement sont très variables. On ne le dit sans doute pas assez, mais l’Afrique est un vaste continent qui, en termes notamment de superficies, équivaut à l’Europe, aux Etats-Unis, au Brésil, à l’Australie et au Japon réunis. S’intéresser à l’Afrique, en invitant à prendre en compte toutes les nuances d’analyse et de prévisions, c’est donc envisager tous les futuribles possibles d’un continent, c’est explorer tous les avenirs possibles, c’est prendre en compte que l’Afrique est plurielle et qu’elle n’a pas un seul avenir, mais bien plusieurs devenirs.
C’est autour de l’analyse et de l’approfondissement de toutes ces questions que Forum de Bamako invite à réfléchir à l’occasion de sa 16ème édition, prévu les 18,19 et 20 février 2016.