Pour la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs comme des droits universels et inaliénables et le respect de l’intégrité physique des femmes
Alors que de nombreux textes internationaux portés par les Nations-Unies, tels que la CEDEF depuis 1979 et la Plateforme de Pékin en 1995, fournissent des outils ambitieux et efficaces pour rattraper le retard pris en matière d’égalité femmes-hommes et lutter contre les violences faites aux femmes, alors que la participation des femmes et des jeunes est la 5e priorité du second mandat de M. Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, alors que la COP21 en décembre 2015 a inscrit dans le préambule de l’Accord de Paris l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes, les droits des femmes progressent très lentement, voire reculent dans certains États sous la pression des conservatismes politiques et des extrémismes religieux hostiles aux droits des femmes. Il est désormais reconnu que la question des inégalités entre les femmes et les hommes se pose de façon cruciale dans l’ensemble des États et constitue un enjeu majeur du développement durable pour le XXIe siècle.
Cette année, la 60e CSW porte sur le développement durable et l’autonomisation des femmes. Or, on ne saurait parler de développement durable et d’autonomisation des femmes sans traiter des questions des violences à leur encontre, de la santé des femmes, de leur intégrité physique et de leur liberté de choix. En effet, les femmes ne peuvent devenir des actrices économiques à part entière que si elles sont en mesure de maîtriser leur fécondité, c’est-à-dire de décider du nombre d’enfants souhaité et du moment de les avoir. La reconnaissance du droit des femmes à maîtriser leur fécondité, y compris en recourant à l’avortement, apparaît comme essentielle pour garantir leur autonomie et leur dignité.
Cependant, 60 % de la population mondiale vit dans un pays ou l’avortement est interdit ou fortement restreint, poussant un grand nombre de femmes à se mettre en danger, faute de solution. Chaque année dans le monde, cinq millions de femmes sont hospitalisées pour des complications sévères liées à des avortements pratiqués dans des conditions sanitaires dangereuses. Toutes les neuf minutes, une femme meurt des suites d’un avortement clandestin. Cela représente 13% de la mortalité maternelle dans le monde.
70 % des femmes sont victimes de violence au cours de leur vie. 700 millions de filles dans le monde sont mariées chaque année avant l’âge de 18 ans, le plus souvent contre leur gré. (OMS, 2014). 200 millions de femmes dans le monde sont victimes de mutilations sexuelles. Malgré « la médicalisation » de cette pratique, l’excision n’a aucune justification médicale, et porte atteinte à l’intégrité physique, la santé et la dignité des filles. Les mutilations sexuelles féminines ont des conséquences très graves sur la santé physique et psychique des filles et des femmes (décès, hémorragies, problèmes urinaires, gynécologiques, stérilité, complications obstétricales, risque de décès du nouveau-né…) et de leurs enfants.
Par ailleurs, tant que l’avortement légal et médicalisé ne sera pas accessible à toutes, de nombreuses femmes continueront à s’exposer aux risques d’un avortement clandestin, au péril de leur santé et de leur vie, sans oublier les conséquences pour l’ensemble de leur famille. Malgré l’attention croissante portée aux violences faites aux femmes et aux filles au niveau mondial, la fréquence des violences – sexistes, sexuelles, physiques, psychologiques, au sein du couple, mutilations sexuelles féminines, mariages forcés, prostitution – demeure élevée, avec de graves conséquences sur la santé physique et mentale des victimes. C’est intolérable.
Parce que nous considérons que les avortements clandestins, les mutilations sexuelles féminines et l’ensemble des violences faites aux femmes sont incompatibles avec la dignité humaine, l’intégrité physique et psychique, la santé et le respect des droits fondamentaux,
Parce que le droit des femmes à maîtriser leur fécondité, y compris en recourant à l’avortement, apparaît comme essentielle pour garantir leur autonomie, partout dans le monde, alors que cette question est sous-estimée, marginalisée, voire exclue des sujets débattus dans nombre de rencontres internationales, sous des prétextes culturels, religieux ou géopolitiques, et que sans cette reconnaissance il ne saurait y avoir de développement durable,
Nous lançons un nouvel appel pour que toutes les femmes disposent librement de leur corps et vivent dans la dignité, le respect de leur
intégrité physique et à l’abri des violences dans tous les pays du monde.
Nous demandons que toutes les femmes aient accès à des services de planification familiale, à la contraception et à l’information sur la
sexualité,
Nous demandons que l’ONU reconnaisse les droits sexuels et reproductifs comme des droits universels et inaliénables.
Nous demandons la dépénalisation universelle de l’avortement, l’accès à un avortement sûr et l’abolition des mutilations sexuelles féminines
dans tous les pays du monde, pour permettre aux femmes d’exercer pleinement leurs droits sexuels et reproductifs, sans délai et sans réserve.
SI VOTRE ORGANISATION SOUHAITE SIGNER L ‘APPEL DE LA CLEF POUR LA RECONNAISSANCE DES DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS ,
MERCI DE NOUS ENVOYER VOTRE CONTACT à clef.femmes@gmail.com
Premiers signataires :
La Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes – CLEF
Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes-hommes (HCE)
La Fondation Jean Jaurès,
L’Alliance Internationale des Femmes,
Femmes Solidaires,
Excision, parlons-en
Le Lobby Européen des Femmes.
La CLEF 6 rue de la Rochefoucauld – 75009 Paris / Tel : 00 33(0)1 55 50 45 64 / www.clef-femmes.fr / clef.femmes@gmail.com /