Evènement Parallèle Panel de haut niveau organisé conjointement par le Réseau Francophone pour l’Egalité Femme Homme (RF-EFH) et la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF)
Aujourd’hui, les femmes représentent plus de la moitié (51%(a)) des flux migratoires de la planète. Moins visibles dans l’histoire des déplacements de population, comme dans l’Histoire en général, les femmes étaient déjà en nombre quasi égal aux hommes dans les migrations des 19 ème et 20 ème siècles. Et, si les images récentes tournées aux portes de l’Europe, donnent un aperçu plus masculin de ces mouvements migratoires, c’est aussi parce que d’une part, l’Histoire comme l’actualité sont pensées au masculin mais aussi parce qu’il faut s’attacher à retracer les parcours des femmes et des filles qui sont plus difficiles à comprendre que ceux des hommes.
Selon l’Unicef, si 65% de ceux qui franchissent les frontières européennes sont des hommes, par contre dans les camps de réfugié.e.s des pays limitrophes des zones de conflit, les femmes et les filles sont légèrement plus nombreuses. On peut alors s’interroger, comme le fait Anna Zobnina coordinatrice de la plate-forme de ENOMW (European Network Of Migrant Women) : « ou sont passées les femmes et les filles? » entre les camps de réfugié.e.s et l’arrivée en Europe? Le trafic humain de la prostitution, on le verra se « nourrit » des flux migratoires et en particulier des petites filles avec une indifférence criminelle de la part de certains pays d’accueil.
Poussées par la guerre, la misère, mais aussi pour fuir les violences propres à leur genre féminin (mutilations génitales, viol et viol comme arme de guerre), les femmes migrent depuis régions variées, que ce soient ou non des zones de conflits, mais aussi pour des raisons diverses.
Certaines viennent pour travailler et assurer une meilleure éducation à leurs enfants, d’autres quittent des territoires en guerre, parfois aussi parce qu’elles y ont perdu leurs maris. Veuves, ou femmes en grande précarité, mais aussi mineures isolées victimes de violences, elles se lancent sur les chemins de l’exil.
Ce qui caractérise la « fuite » de ces femmes, c’est aussi le risque accru qu’elles encourent au long du chemin censé les mener vers plus de sécurité : outre les dangers de la traversée maritime qu’elles doivent surmonter comme les hommes, elles affrontent de nouvelles violences masculines et notamment celles de proxénètes, même lorsqu’elles sont arrivées en Europe, d’où la nécessité de leur assurer un accueil plus sûr. Une nécessité loin d’être mise en pratique car malheureusement, constate Jane Freedman (b), ces persécutions ne sont pas toujours suffisamment prises en compte, comme elle a pu le voir dans son expérience sur le territoire.
Enfin, au bout du
parcours d’exil, lorsqu’on parle de femmes immigrées, les qualifications de ces femmes sont loin
d’être reconnues. Dès qu’elles ont le droit de travailler plupart d’entre elles
sont immédiatement aiguillées vers des filières du travail domestique (gardes
d’enfants, bonnes ou aides ménagères) ou du ménage industriel, sociétés de
nettoyage des grands hôtels ou des entreprises, par exemple. Un nombre non
négligeable d’entre elles sont pourtant hautement qualifiées.
En
partant de l’espace francophone, cet atelier a pour objectif de rendre ces
femmes et ces filles plus visibles et
veut démontrer combien elles souffrent
d’un traitement qui relève à la fois du
sexisme, du racisme et même de la violence envers les enfants. Il appelle à la
mise en place d’un accompagnement sexospécifique des femmes et des filles
migrantes dans l’espace francophone qui leur assure une protection effective et
la reconnaissance de leurs compétences.