Introduction
Les crises et les conflits provoquent des déplacements massifs de la population à l’intérieur et à l’extérieur des frontières des pays, ce qui perturbe le parcours scolaire des enfants. Ces déplacements sont loin d’être temporaires. Ce phénomène a un impact négatif sur l’éducation des jeunes, et les filles sont les plus affectées car chaque année d’éducation au niveau secondaire égale à 15% à 25% de plus de leur revenu.
Les filles ayant fait des études contractent moins de mariages à l’enfance, font moins d’enfants et ont une meilleure santé. Les familles passent plus de 26 années en tant que réfugiées ou déplacées. Dans les 35 pays touchés des crises, 75 millions de jeunes ne sont pas scolarisés, et les filles sont scolarisées 2.5 fois moins que les garçons. Elles sont également près de 90 % plus susceptibles de ne pas fréquenter l’école secondaire[1].
Obstacles à l’éducation des filles en situation de crise
Le manque d’infrastructure, causé par destruction des écoles et l’utilisation de celles-ci par les militaires ou les personnes déplacées, compliquent l’accès à l’éducation pour tous les enfants en situation de conflit. Le manque d’équipement et de matériel scolaire va de pair avec la problématique des écoles surpeuplées d’élèves réfugiés, déplacés et de la communauté d’accueil. Par exemple dans la région des Grands Lacs Africains, ils sont huit par manuel scolaire, quatre par pupitre sans accès aux laboratoires et équipements pour assurer des modules de qualité en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM).
Cette situation ne fait qu’amplifier la vulnérabilité des filles et adolescentes, qui doivent surmonter plusieurs obstacles à une éducation sûre et de qualité. Le plus important est la violence faite aux filles et le risque de violence sur le chemin de l’école, dans la communauté, à l’école, aux toilettes et même par le personnel enseignant. Sans oublier, les normes socio culturelles qui ne valorisent pas l’éducation des filles. À ceci s’ajoutent la pauvreté extrême et la malnutrition qui enlève la capacité de payer les frais de scolarité et le matériel scolaire, et qui a un impact sur la capacité d’apprentissage des jeunes filles. En situation de conflit, plusieurs parents marient leurs filles pour les protéger des violences et pour leur assurer une plus grande chance de survie. Les mariages précoces et grossesses précoces sont des barrières importantes au maintien des jeunes filles à l’école, surtout lors de la transition du primaire au secondaire.
Contexte
Lors du XVIIe Sommet de la Francophonie en 2018, en Arménie, les Chefs d’État et de gouvernement ont réitéré leur volonté de promouvoir l’égalité des sexes avec l’adoption de la Stratégie de la Francophonie pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, des droits et de l’autonomisation des femmes et des filles. Dans cette stratégie, les états et gouvernements membres s’engagent à assurer le maintien des filles à l’école et l’achèvement des cycles primaire et secondaire, notamment en milieu rural. Pour sa part, la Francophonie institutionnelle s’engage à encourager ses États et gouvernements membres à prendre des initiatives visant à lutter contre les violences de genre en milieu scolaire, en portant une attention particulière aux contextes de conflit prolongé ou de déplacement de populations. De plus, la Francophonie s’engage à « recourir à l’expertise de la société civile dans le cadre de formations sur l’égalité entre les femmes et les hommes et sur la perspective de genre. »
Recommandations du RF-EFH
- Assurer la sécurité des filles et des adolescentes : par exemple, au niveau des infrastructures, ériger une clôture sur le périmètre de l’école, construire des toilettes séparées, bien éclairées et avec des portes qui peuvent se verrouiller.
- Impliquer les communautés dans la gestion des écoles et du programme éducatif, particulièrement incluant les parents, les leaders religieux, les groupes de femmes et les jeunes filles elles-mêmes, au niveau des associations parents-enseignants, les comités de gestion, mais également dans la sensibilisation et la valorisation pour sensibiliser et valoriser l’éducation des filles.
- Assurer la mise à niveau des compétences pédagogiques du personnel enseignant et augmenter le personnel féminin pour réduire les ratios enseignant/élèves.
- Former le personnel enseignant sur l’égalité entre les femmes et les hommes et les violences sexuelles, adopter un code de conduite, et mettre en place une procédure de signalement et de prise en charge des victimes et survivantes.
- Développer du matériel pédagogique et des programmes scolaires en français, pour favoriser l’éducation sensible au genre pour les filles et des garçons et travailler sur les masculinités et l’engagement des garçons/hommes pour briser la culture de violence.
- Assurer la distribution de kit de dignité avec serviette hygiénique, et créer des espaces sûrs pour les filles, où elles peuvent recevoir des informations sur la santé sexuelle et reproductive et un appui psychosocial pour les victimes de violences.
- Multiplier Répliquer les meilleures pratiques, tels les centres d’excellence de la FAWE, l’éducation sur les STIM, la pédagogie sensible au genre.
- Et finalement, il est impossible de travailler l’accès des jeunes filles à l’école, sans financer la construction d’écoles et de salles de classes pour accueillir cette hausse à la demande.
[1]UNESCO(2015a). Education for all 2000-2015: Achievements and challenges. Education For All Global Monitoring Report. Paris: UNESCO.