En Afrique, si la participation politique a longtemps été une réalité chez les hommes et très peu conventionnelle chez les femmes, elle connait maintenant des germes de changement solides. En effet, après plusieurs décennies de lutte pour les droits des femmes et pour l’intégration du principe de l’égalité des sexes dans nos sociétés, l’heure est venue pour les femmes africaines et sénégalaises particulièrement, d’être présentes et de compter dans l’échiquier politique, , en tant qu’actrices reconnues autant dans les stratégies que dans les programmes politiques des partis et /ou organisations devant compétir pour les différents postes de pouvoir.
Des progrès ont été certes faits au Sénégal mais les gaps sont là, têtus, les tendances lourdes pourtant encore clairement identifiés , mais nous, femmes et hommes n’ arrivons à maitriser ni dépasser .Nous avons vécu le système des quotas durant les années 1990 , suivi heureusement de celui de la parité acquis de haute lutte , même si elle est partielle et partiale . C’est un acquis à améliorer impérativement.
C’ est la raison pour laquelle, le Réseau Francophone pour l’Egalité Femme-Homme, (RF- EFH), le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO Régional (REPSFECO), en partenariat avec le Réseau des Compétences Électorales Francophones et le soutien de la Fondation Heinrich-Böll, ont décidé de contribuer à l’amélioration des scores périodiques que les femmes engrangent aux différentes compétitions électorales en particulier aux élections municipales et départementales prochaines en 2022 .
Il s’agit de remédier au déficit d’information et de formation des candidat-es investi-es par leurs structures politiques: en renforçant leurs capacités en termes de leadership, en les informant , les sensibilisant et les formant sur les enjeux et les défis d’un processus électoral réussi et anticiper sur les risques liés aux violences électorales.
C’est pourquoi, 40 femmes et jeunes candidates investis ou potentiellement capables d’être investis pour les élections municipales et départementales ont bénéficié d’un programme de formation et de renforcement de capacités les 29, et 30 septembre 2021au Casino du Cap-Vert.
Les modules de la première journée :
-M. Babacar FALL Secrétaire Général du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) a introduit le module sur Le cycle électoral : importance et portée politique et juridique pour des élections législatives et locales ? Implication des femmes ?
–Mme Geneviève Boko Nadjo, (vice-présidente de la CENA du Bénin), membre du RECEF a développé le sujet sur Le leadership politique des femmes : comment l’exprimer au cours du cycle électoral ? Forces et faiblesses ?
–Mme Soukeyna Fall de la (Direction générale des élections) a traité des Eléments essentiels du code électoral :Mise à jour du code electoral ; Argumentaires ; outils de plaidoyer.
Pour la deuxième journée
-Mr Mamadou Seck : (Directeur exécutif de Synapsus), a traité de la Participation Politique des Femmes et des Jeunes : Le jour du Vote . L’observation des élections durant la journée du vote , y compris selon le genre Une initiation à la création et à la gestion d’une situation room adaptée aux besoins des leaders des partis politiques en compétition au Sénégal .
-Enfin Mme Aby Diallo (Présidente de l’AJS) et Mme Dior FALL SOW ont développé le thème sur la gestion des violences électorales : Rôles et Responsabilités des Femmes et des Jeunes : indicateurs ? Réponses adéquates ?
Lors de ces différents modules les experts ont présenté, les principaux outils qui peuvent être utilisés par les candidat-es, tout au long du processus électoral pour garantir et sécuriser leurs voix et celles de leurs militants.
Le RF-EFH cherche à travers cette initiative, à propulser les femmes dans la dynamique politique sénégalaise, afin qu’elles ne soient plus confinées dans une situation secondaire et subordonnée, mais qu’elles arrivent à optimiser leurs chances de prendre part à la construction d’une force politique vive pour la nation.
- OBJECTIFS ET NOUVEAUX DEVELOPPEMENTS
L’atelier visait essentiellement à:
- Renforcer le leadership politique des femmes et des jeunes ;
- Faire connaitre et encourager la participation des femmes et des jeunes dans le processus électoral et améliorer leurs connaissances sur le cycle électoral;
- Informer et former sur la signification et la pertinence d’un système de veille sur le déroulement du processus électoral : le vote ,le jour de vote,l’ observation generale et l’ observation selon le genre etc…
- Identifier, comprendre et alerter la communauté sur les causespotentielles et les expressions de violence au cours des élections
- Améliorer la présence et la participation des femmes dans la vie politique du Sénégal;
- Accroitre leurs compétences ainsi que celles des jeunes garçons et filles ;
- Renouveler et consolider les connaissances des femmes et des jeunes en termes de concepts clés, d’outils et de pratiques politiques;
- Améliorer les mécanismes de participation politique des femmes et des jeunes à travers l’extension des initiatives similaires en matière de capacitation ;
- Renforcer la présence des femmes et des jeunes dans les structures politiques du pays pour atteindre niveau de représentativité effectivement paritaire ;
- Permettre aux femmes investies de combler leurs déficits en termes de culture politique.
11. Initiation à une « situation room »
- DEFIS ET LECONS APPRISES
L’atelier a été l’occasion de constater d’abord que les femmes et les hommes ont un vécu différent quant aux processus électoraux et que la manière dont les élections sont menées sur le plan législatif ou administratif peut avoir des effets sur la pleine participation des femmes et éventuellement sur le caractère égalitaire d’une démocratie. Les réflexions entamées lors de cet atelier visent à s’approprier ces processus et voir les étapes du cycle électoral qui peuvent être réfléchies pour consciemment prévenir des inégalités, les corriger, les éradiquer.
Nous avons noté que la loi sur la parité qui est un acquis au Sénégal certes mais reste très parcellaire et qu’elle n’est pas respectée dans certaines structures .
Pourtant , l’atelier a permis de constater de l’émergence d’un Leadership féminin fort en politique. Des jeunes filles sont de plus en plus intéressées par la chose publique et ne rechigne pas à apprendre davantage. Les jeunes ne sont pas les seules concernées, mais celles qui ont plus d’aptitudes et d’expériences politiques semblent décidées à rompre avec les pratiques qui ont prévalu jusqu’ici.
Cependant, en dépit de tout cet espoir suscité, il reste indéniable que des obstacles demeurent aujourd’hui encore dans la perspective d’un leadership transformationnel fort. Le manque d’effectivité des engagements internationaux auxquels le Sénégal a souscrit tels que le Protocole de Maputo, la CEDEF, l’intolérance religieuse, le manque de visibilité des initiatives, les logiques et barrières sociales limitent grandement leurs capacités d’actions. Ce qui fait qu’au Sénégal, on ne compte :
- Au niveau de l’assemblée nationale, sur 165 députés de la 13éme législature, nous avons 69 femmes soit 41,82 % contre 96 hommes
- Au niveau des exécutifs locaux, seules deux (2) femmes sont présidentes de Conseil départemental soit 4,76 %% contre quarante et un (40) hommes
- Sur les 557 communes, quatorze seulement étaient dirigés par des femmes soit 2,51 % contre cinq cent quarante-trois (543) par des hommes
- Sur les 28028 élus locaux, les femmes représentent env. 47,03 % contre 52,97 % pour les hommes.
L’atelier nous a en outre permis de relever que l’éducation des jeunes filles et femmes reste une priorité dans leur autonomisation économique et leur leadership politique.
- PROCHAINES ETAPES
Pour un meilleur suivi de l’atelier, l’AMLD prévoit en partenariat avec la fondation Heinrich Böll, le Synapsus , le Gradec , et les autres partenaires ont décidé la mise en place :
-d’une plateforme d’information regroupant des données sur les élections (Plateforme de l’information Electorale au Sénégal : PIES) dans le web site de AMLD.
– Aider les partis et structures qui le souhaitent à construire et animer pour leurs propres besoins et intérêts , une structure de veille et les encourager à utiliser la fiche d’observation selon le Genre de AMLD/ RF-EFH .