61E SESSION DE LA COMMISSION DE LA CONDITION 13 Au 24 MARS 2017

CONCERTATION FRANCOPHONE DE HAUT NIVEAU

L’AUTONOMISATION ECONOMIQUE DES FEMMES ET LEURS DROITS DANS LE MONDE DU TRAVAIL 

Communication Coordonnatrice du RF-EFH

Madame la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie,

Mesdames, Messieurs les Représentants des Etats et Gouvernements membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie ;

Mesdames, Messieurs les Délégués,

Distingué-es invité-es,

Mesdames, Messieurs,

Cher-es ami-es,

La session annuelle de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) s’ouvre cette année sous le thème de « autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en évolution ». Il serait difficile de trouver thème plus pertinent et surtout plus actuel.

Je salue la justesse de ce thème qui va cristalliser nos attentions pour qu’ensemble nous convergions vers un monde d’équité sociale et d’égalité effective des sexes.

Notre rencontre survient à une période charnière marquée par une grande espérance et par la persistance de facteurs d’inégalités entre les sexes.

Fidèle à sa mission de «donner corps à une solidarité active entre les 84 États et gouvernements qui la composent», l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a fait de la lutte pour l’égalité femme-homme une de ses priorités.

C’est un tel engagement qui a motivé l’installation du Réseau Francophone pour l’Egalité Femme-Homme (RF-EFH) dont le crédo n’est autre que « œuvrer pour le développement de l’Espace Communautaire Francophone en participant de façon active, effective et décisive à l’inclusion du genre dans les politiques de développement ».

Ce Réseau est la parfaite expression des actions que l’OIF mène depuis son installation pour l’égalité Femme-Homme ; des actions arrimées à une logique internationale débordant largement le cadre de la Francophonie pour épouser les contours d’abord du Plan d’actions de Beijing, ensuite des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et enfin se positionner sur l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).

En trois ans d’existence, le Réseau s’est distingué dans des domaines aussi divers que l’éducation, les violences faites aux femmes, les questions environnementales en lien avec le genre, l’autonomisation économique, Genre et droits de l’homme, le genre et gouvernance démocratique, le Genre, Paix et Sécurité, etc.

 Distingué-es invité-es,

Mesdames, Messieurs,

Mes cher-es ami-es,

C’est parce que nous avons très tôt saisi toute la transversalité de la question de l’autonomisation des femmes  que nous l’avons mise en perspective avec des thématiques connexes telles que la paix et la sécurité et plus globalement au sein des problématiques de gouvernance.

En trois ans d’exercice, le Réseau a contribué à la construction d’une Francophonie des peuples, résolument orientée vers les idéaux de paix et de développement, pour construire un destin solidaire face à nos défis communs.

Mais en trois années d’actions, le Réseau s’est aussi rendu compte de l’ampleur de la tâche qui est la sienne. Il s’est imprégné de tout le fossé qui nous sépare de l’atteinte de l’objectif d’Egalité Femme-Homme ; il s’est aperçu des écueils qui brident notre marche en avant pour crever le plafond de verre.

L’autonomisation économique des femmes et leurs droits dans le monde du travail en constante mutation est un objectif qui vise à assurer une égalité de droits. Mais seulement, il s’agit aussi et surtout dans les faits, d’une égalité  de responsabilités et de chances entre les femmes et les hommes de même qu’entre les filles et les garçons.

Depuis Pékin nous savons que ce qui manque le plus à l’autonomisation des femmes ce ne sont pas les législations favorables mais des actions de concrétisation de l’égalité de fait. Autrement dit une effectivité des mécanismes juridiques internes et internationaux.

Dans notre espace, le constat est le même. En effet, dans la vie professionnelle, les femmes francophones continuent de se heurter à des obstacles de taille pour accéder à des emplois décents. Seul des progrès mineurs ont été accomplis depuis laissant de grandes lacunes à combler dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 adopté par les Nations Unies en 2015.

Les inégalités entre hommes et femmes perdurent sur les marchés mondiaux du travail, en termes d’égalité des chances, de traitement et de résultats. Au cours des vingt dernières années, les avancées considérables des femmes en matière de réussite scolaire ne se sont pas traduites par une amélioration comparable de leur situation au travail.

Dans le monde francophone des efforts sont perceptibles. De plus en plus de filles sont scolarisées. Dans le domaine de la santé, de l’emploi, etc., les écarts se réduisent davantage. Oui, nous avons sur le plan juridique initié des réformes permettant de réduire les inégalités entre les sexes, c’est une raison d’espérer mais ce ne sera pas assez.

Distingué-s invité-s

Mesdames, Messieurs,

Dans de nombreuses régions francophones, par rapport aux hommes, les femmes sont plus exposées au risque de devenir ou de rester chômeuses, ont moins de chances de participer au marché du travail et quand c’est le cas elles sont souvent obligées d’accepter des emplois de mauvaise qualité.

Les progrès accomplis pour surmonter ces obstacles sont encore lents. Ainsi, si selon le classement 2016 du Forum économique mondiale sur les inégalités hommes-femmes, la France a fait des progrès considérables en la matière, passant de la 57e place en 2012 à la 17ème place en 2016. Cependant, selon le même classement, la France arrive 134ème (sur 144) en matière d’égalité salariale, derrière l’Azerbaïdjan, le Tadjikistan, le Zimbabwe ou la Russie par exemple !

Pour ce qui est de la Belgique, 19ème au classement, en dépit des avancées significatives, à la même période, les femmes gagnent en moyenne 30 054 € par an, contre 36 446 € pour leurs homologues masculins, soit 19,2 % de moins. Chaque année, les femmes subissent donc un manque à gagner de 6 392 €, soit 532,66 € par mois.

Pour sa part, la Tunisie fait du surplace en matière d’égalité hommes-femmes, toujours selon le Global Gender Gap Report 2016. En effet, la Tunisie se classe 126ème place, gagnant certes une place par rapport au classement 2015, mais avec une forte persistance des inégalités. Le pays arrive juste devant le Bénin autre membre de la Francophonie classé 127ème.

Au Mali, une étude de la Banque Africaine de Développement (BAD) montre qu’en 2015, à Bamako, la capitale du Mali, 30 % des hommes occupent un poste salarié, contre 14 % des femmes. Dans les autres zones urbaines, 18 % des hommes sont salariés, contre seulement 5 % des femmes. Dans les zones rurales, 4 % des hommes sont salariés, contre seulement 1 % des femmes.

La qualité de l’emploi des femmes demeure une source d’inquiétude, même dans les nombreux pays où l’écart des taux d’activité et d’emploi entre hommes et femmes s’est réduit, où les femmes abandonnent leur travail contributif à l’entreprise familiale pour s’orienter vers le secteur des services.

Mais au-delà des promesses, il est grand temps d’agir. Il arrive des moments, dans l’histoire d’une cause, d’une lutte, qui ne laissent pas de choix aux femmes et aux hommes de bonne volonté. L’unique choix, authentique et urgent, est celui d’un engagement fort vers un nouvel horizon plus porteur d’espoir, vers de nouveaux paradigmes. Ce moment, c’est maintenant !

L‘espace francophone, à l’instar du reste du monde, est à la croisée des chemins ! Il faut, alors, emprunter les pistes salutaires, si étroites soient – elles, en puisant dans nos valeurs morales et politiques communes les ressources indispensables à un changement radical.

Distingué-es invité-es,

Mesdames, Messieurs,

Il faut, alors, oser penser, jusqu’au bout, ce nouveau virage, un moment décisif de rupture et de créativité, porté par une Francophonie des peuples debout, solidaire et avide de changements. Mais, il faut surtout oser agir, pour tisser les rameaux de l’espérance et édifier un monde francophone plus égalitaire.

Je demeure convaincue que les défis majeurs en termes d’autonomisation des femmes et des jeunes filles et leur meilleure implication dans la vie politique et citoyenne peuvent être relevés.

Travaillons à nous attaquer en priorité aux causes profondes de des inégalités femmes hommes dans les domaines du travail d’améliorer l’image des femmes dans la société au moyen de campagnes d’information et de programmes de sensibilisation aux stéréotypes sexistes, aux préjugés conscients et inconscients.

Contrairement à certaines idées reçues ces préjugés ont toujours la vie dure même nos pays membres les plus progressistes.

Engageons-nous à résoudre le problème du manque de temps des femmes par l’extension des infrastructures de base, en particulier l’eau et l’électricité, dans les zones rurales.

Autonomiser la femme, c’est aussi faciliter son accès à la terre y compris par une législation plus souple et plus favorable.

Il nous faut en outre faciliter l’accès des femmes au crédit. Celles-ci en raison des préjugés culturels, d’obstacles juridiques formels, à cause de leur manque de connaissance des questions financières ne disposent pas d’un accès facile au financement.

Contribuer à un équilibre social, c’est aussi promouvoir l’accès des femmes aux technologies de l’information et de la communication (TIC) dont l’absence favorise leur marginalisation.

Mais il reste évident que le combat pour une autonomisation des femmes ne sera jamais gagné si nous ne luttons pas efficacement contre les violences faites aux femmes et aux filles particulièrement les harcèlements dans le milieu du travail.

Pour une meilleure représentation politique des femmes, je suis d’avis que la mise en place d’activités de perfectionnement des compétences et de formation aux fonctions dirigeantes, ainsi que de dispositifs de mentorat, de constitution de réseaux et autres programmes de formation dans les institutions publiques seront nécessaires. Nous devons nous y atteler dans une synergie des initiatives pour que nos actions soient couronnées de succès.

De même, j’estime qu’il est grand temps de mettre en avant les modèles identificatoires féminins présents dans la vie publique, et d’encourager une participation active des hommes à la promotion de l’égalité des sexes.

 

Distingué-es invité-es,

Mesdames, Messieurs,

Mes cher-es ami-es,

Nous devons AGIR ensemble ! L’heure n’est plus aux mots, mais à l’action. Agissons ensemble pour lutter contre les stéréotypes et les stigmatisations. Nous devons nous résoudre à créer une Francophonie d’égalité d’opportunités, de chances d’insertion et de mobilité socio-professionnelle et ouvrir des perspectives dans les deux sens. Le plafond de verre, c’est en AGISSANT ENSEMBLE que nous le crèverons.

Je veux conclure en renouvelant ma gratitude et ma haute estime en direction de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’opportunité de cette réflexion. Je reste persuadée que les débats apporteront des solutions en perspective de l’égalité des sexes et donneront lieu à des changements profonds au sein des Etats et gouvernements membres.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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