PANEL RESEAU DES FEMMES PARLEMENTAIRES FRANCOPHONES

« Rôle du RF-EFH comme outil de contrôle du financement en faveur de l’égalité ainsi que les liens nécessaires entre société civile et monde politique pour avancer sur le chemin de l’égalité de fait »

« Autonomisation des femmes et lien avec le développement durable » tel est le thème retenu pour la soixantième session de la Commission de la condition de la femme (CSW). En échos aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui prévoyaient une promotion accrue de l’égalité et de l’autonomisation des femmes, au plus tard en 2015 et aux Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici à l’horizon 2030 dans l’espace francophone, se situe la rencontre d’aujourd’hui. En effet, conformément à ses objectifs, l’Association des femmes parlementaires francophones (APF) contribue à renforcer la place et le rôle des femmes dans les Parlements membres et dans les organisations internationales, favoriser les échanges d’expérience et encourager la solidarité entre femmes parlementaires et, enfin et surtout, à contribuer à la défense des droits de la femme et de l’enfant.

C’est dans cette perspective que s’inscrivent aussi les actions que mène le RF-EFH. Depuis son lancement le 25 octobre 2013 à l’initiative d’Abdou Diouf, alors Secrétaire général de la Francophonie, le Réseau francophone pour l’égalité femme-homme (RF-EFH) ne cesse de se positionner comme un organisme phare dans la défense de la cause  de l’égalité et principalement dans la lutte pour l’égalité et l’équité femme-homme. Cette démarche correspond à sa « mission de fédérer les actions et expertises des OING et OSC franco – phones en contribuant à la promotion de l’égalité femme-homme et à l’autonomisation des femmes dans les pays de la Francophonie, en termes de réflexion, de plaidoyer et de mobilisation au sein de l’espace francophone et sur la scène internationale», pour reprendre les termes de sa charte.

Comprenant les organisations de la société civile et les organisations internationales des 80 Etats membres et observateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie, le RF-EFH est devenu, au bout de  deux ans d’activités, un vecteur de taille dans la droite ligne de la lutte pour l’égalité femme-homme. Pour en arriver là, le RF-EFH a du respecter les principes de sa Charte qui le dote de prérogatives importantes dans la perspective de l’atteinte de l’égalité des sexes dans le monde francophone. Ces prérogatives s’articulent autour d’une matrice d’actions prioritaires que le RF-EFH  mène. Il s’agit :

  • De coordonner le suivi de la mise en œuvre des textes internationaux et régionaux adoptés par les États et les gouvernements membres de la Francophonie dans les domaines de l’égalité femme-homme, de l’autonomisation des femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles ; en diffuser et partager les résultats parmi ses membres et interpeller les gouvernements non performants en la matière ;

Ces principes traduisent toute la volonté du RF-EFH à réparer cette antique iniquité consistant à placer la femme dans une situation d’infériorité vis-à-vis de l’homme. Cependant, aussi exorbitantes puissent-elles paraitre ces prérogatives ne sont pas comparables  à l’économie des mesures novatrices et des actions d’envergure à entreprendre : au premier rang desquelles, le suivi et  le contrôle du financement de l’égalité femme-homme occupe une place centrale. Depuis plusieurs décennies, l’OIF s’active à doter les organisations de lutte pour l’égalité femme-homme d’outils juridiques et financiers susceptibles d’en favoriser l’avènement rapide.

Mesdames, Messieurs,

Au XXIème siècle, la Déclaration de Luxembourg du 5 février 2000, dont l’un des principaux objectifs consiste à « créer les conditions pour que tant les femmes que les hommes puissent s’impliquer et contribuer davantage à la promotion de l’égalité de droit et dans les faits entre les femmes et les hommes.» marque le début d’une nouvelle ère dans le financement de l’égalité femme-homme. Elle préconise, entre autres : l’élaboration et l’application de politiques et de programmes facilitant l’accès égal des femmes aux systèmes financiers, commerciaux et aux nouvelles technologies ; l’appui à la création d’entreprises et de coopératives, par un meilleur accès des femmes aux systèmes bancaires et financiers. S’ensuivront la Contribution de la Francophonie à l’examen décennal de la mise en œuvre du programme d’action de la Conférence mondiale sur les femmes de Pékin (Pékin + 10) ; en 2010, la Déclaration francophone sur les violences faites aux femmes ; le Plan d’action francophone sur les violences faites aux femmes et aux filles en 2013. Dans la même veine, en 2010, le projet pilote, mené en partenariat avec le Conseil de l’Europe, a permis la mise en place de budgets sensibles au genre dans deux pays membres de la Francophonie, l’Arménie et l’ex-République yougoslave de Macédoine. Le 21 mai 2012, un accord- cadre de coopération, visant le renforcement mutuel des initiatives et des projets en faveur des femmes dans les pays francophones, a été signé entre l’ancien secrétaire général Francophonie Monsieur Abdou DIOUF et Madame Michelle BACHELET, directrice exécutive d’ONU FEMMES. Il reste en outre des projets dans la logique d’une égalité femme-homme dont le plus urgent, à notre niveau, reste l’achèvement du Recueil de textes de loi relatif à l’égalité femme-homme dans les pays de l’espace francophone.

Autant d’outils qui œuvrent pour un équilibre des disparités sociales entre les femmes et les hommes dans l’espace francophone. Ces outils élaborés par la Francophonie et ses partenaires tels que le RF-EFH, ont permis, dans certains pays, d’obtenir des gains significatifs. Au Luxembourg par exemple, pour un poste à plein temps, les hommes reçoivent un salaire médian de 44 224 euros, contre 45 767 euros pour les femmes.

Néanmoins, à l’épreuve des faits, il est regrettable de constater que les résultats ne sont pas partout au rendez-vous. En ce qui concerne l’égalité des femmes et des hommes quant à l’accès au contrôle et à la gestion des ressources, des richesses et de la propriété, notamment la propriété foncière ; la lutte contre le chômage féminin ; l’accès des femmes évoluant dans le secteur informel ,au crédit, notamment par le biais du microcrédit et de la micro-assurance, etc., le sort de la femme dans les pays de l’espace francophone reste encore problématique.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Sur le plan de l’accès au crédit par exemple, malgré un important dispositif de financement, on relève un faible niveau de financement des besoins des femmes, l’accès inégal des femmes aux financements des banques lié aux procédures inadaptées à leurs conditions. Plusieurs indices, malgré des avancées louables, restent bloqués à un niveau insuffisant de leur évolution. Dans la plupart des pays francophones d’Afrique subsaharienne, le taux de chômage des femmes augmente plus vite que celui des hommes. Alors que l’entreprenariat féminin rencontre des difficultés .Même au Maroc, pays dont nous saluons les performances économiques et la place que l’on donne aux femmes, le taux relatif à l’entrepreneuriat des femmes  demeure assez bas. Malgré tous les efforts consentis, les femmes y représentent 10% du total des entrepreneurs.

Ces inégalités dans le financement de l’autonomisation des femmes n’est pas l’apanage des pays francophones les plus pauvres. A titre indicatif, en France, la pauvreté affectait plus de femmes que d’hommes en 2011 :   8,2 % contre 7,7 %         pour les hommes. En Belgique, l’écart salarial persiste. Ainsi Sur base de données chiffrées relatives à l’année 2012, on constate qu’une femme gagne en moyenne 9 % de moins qu’un homme par heure de travail.  La différence salariale entre hommes et femmes, en Suisse, est de l’ordre de 18,9%.

Mesdames, Messieurs,

Le partenariat entre le gouvernement et la société civile est indispensable pour enrayer la spirale. Une telle approche est nécessaire au vu de la contribution et de l’expertise des organisations de la société civile qui s’activent dans le domaine de l’égalité femme-homme. En effet, dans l’espace francophone plusieurs Organismes non gouvernementaux ont fait de la question de l’égalité femme-homme leur cheval de bataille. Ces organismes demeurent des artisans de premier plan  à travers par leur engagement et leurs contributions avec des publications périodiques, sur l’état de la situation de l’égalité femme-homme dans le monde francophone. Leur association dans le volet contrôle financier et suivi-évaluation s’avère nécessaire. C’est pour cela qu’il demeure urgent a de mutualiser les efforts entre gouvernements et sociétés civiles ur une reddition de compte plus juste des actions menées dans le cadre du financement de l’égalité femme /homme dans nos programmes de développement.

 A ce titre, le partenariat RF-EFH/RFPF est utile dans le suivi-évaluation de l’égalité femme-homme. Ainsi sur le plan législatif, je voudrais inviter le Réseau des femmes parlementaires de la Francophonie, de par la qualité de ses membres parlementaires, à accentuer le combat pour la réduction de l’écart femme-homme par des actions de monitoring, dans leur pays respectif et d’une plus grande coordination avec les instances du système de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), en vue d’une autonomisation efficiente des femmes et jeunes filles, gage d’une égalité des sexes.

Je veux conclure en réitérant l’engagement sans réserve du Réseau Francophone pour l’Egalité Femme-Homme (RFEFH) et renouveler toute ma gratitude et ma haute estime à la 60ème Commission de la condition de la femme (CSW) et au comité directeur du Réseau des femmes parlementaires de la Francophonie sans qui cette réunion n’aurait pu se tenir. Je reste persuadée que les débats autour des thématiques qui nous concernent apporteront des solutions en perspective au combat pour l’égalité des sexes.

Aux participants à cette réunion de New York, je souhaite un plein succès et des échanges fructueux.

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